ARTE POVERA

Exposition 09.10.2024 — 20.01.2025

À partir du 9 octobre 2024, la Bourse de Commerce—Pinault Collection
devient le terrain d’une vaste exposition consacrée à l’Arte Povera. Composée par la commissaire Carolyn Christov-Bakargiev à partir d’une cinquantaine d’œuvres historiques et
emblématiques de la Collection Pinault mises en correspondance avec celles d’autres collections prestigieuses, publiques et privées, cette exposition, tel un paysage que l’on arpente,
est imaginée spécifiquement pour les espaces du musée. C’est là que François Pinault a
souhaité dévoiler les œuvres de sa collection d’Arte Povera, pressentant de possibles correspondances, entre les œuvres et l’esprit du lieu, à l’image de l’hémicycle de verre coiffant
la Rotonde et les igloos de Mario Merz qui, selon l’artiste, sont à la fois des symboles du
monde et des petites maisons à la frontière du vide et du plein, des abris «pour conférer
quelque dimension sociale à l’homme» et, aussi, des lieux pour rêver.
Carolyn Christov-Bakargiev, spécialiste de l’Arte Povera et commissaire
d’expositions mondialement reconnue, qui a dirigé le Castello de Rivoli en faisant de ce
château le lieu d’éclosion de formes d’art les plus expérimentales tout en restant la maison
privilégiée des artistes du courant italien, a imaginé cette exposition comme une vaste scène
ouverte afin de faire circuler leurs pensées, en veillant à exposer leurs œuvres non comme
des objets mais comme des forces poétiques habitant l’espace et le temps. Exposer l’Arte
Povera est un enjeu, un échange de chaque instant entre le public, les artistes et les acteurs
engagés dans cette aventure. La Rotonde, cet espace à la fois central et intermédiaire, entre
l’extérieur et l’intérieur, accueille ainsi la dynamique collective de ces treize artistes. L’Arte
Povera a été exposé pour la première fois par Germano Celant en 1967. Dans le contexte de
l’industrialisation de l’Italie et la domination de la scène artistique américaine, l’enjeu est alors
d’inventer un nouveau rapport au monde, à rebours des forces déshumanisantes du consumérisme tout en reprenant «possession de la réalité» selon l’expression de Celant. Reliés
à ce cœur collectif abritant des œuvres essentielles comme des créations plus récentes des
artistes, treize espaces spécifiques dédiés à chacun des artistes permettent de ressentir au
plus près la singularité de leur réflexion et de leur pratique, alors que des interstices offerts
aux artistes contemporains abritent des œuvres parfois indicielles qui montrent combien
les pulsations de l’Arte Povera continuent de faire vibrer les recherches artistiques et créatives les plus récentes.
Entre alchimie, archaïsme, panthéisme, phénoménologie et conscience
politique tournées vers la place de l’être humain dans l’univers, cette exposition, sous le
commissariat de Carolyn Christov-Bakargiev, propose une expérience inédite de l’espace,
un ancrage temporaire mais essentiel dans le temps et l’espace de cet Arte Povera dont
l’héritage continue aujourd’hui à fertiliser la création la plus contemporaine.